À première vue, la présence d’un oiseau sur un toit peut sembler plaisante, mais on réalise rapidement que ces volatiles peuvent causer toutes sortes de dommages non seulement au toit, mais aussi à tout ce qu’il abrite. Même si bon nombre d’espèces d’oiseaux et leurs nids sont protégés par la loi, il existe différentes méthodes légales pour les éloigner de votre toit, comme les pics anti-oiseaux et les effaroucheurs.
Une fois que vous aurez trouvé une solution qui convient à votre bâtiment, il vous faudra tout de même réparer les dégâts déjà subis par votre toit. Voici un guide des différents types de dommages causés par les oiseaux et des façons de les empêcher de faire leur nid sur votre toit.
Types de dommages causés par les oiseaux
Les oiseaux peuvent endommager le toit de votre immeuble et mettre en péril tout ce qui se trouve à l’intérieur. Bien comprendre les risques que présentent les volatiles pour votre immeuble peut vous aider à établir une stratégie de prévention efficace.
- Fientes acides. Un oiseau se perchant sur un toit y répandra certainement ses fientes. Celles-ci sont très acides et risquent d’endommager les matériaux de toiture à base d’asphalte ainsi que les équipements installés sur le toit, notamment votre système de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC). De plus, l’accumulation de fientes peut stimuler la prolifération d’algues et de mousses en leur fournissant des nutriments. L’exposition aux excréments d’oiseaux peut donc réduire la durée de vie de votre toit.
- Accumulation d’eau. Tous les toits sont conçus pour évacuer l’eau de pluie, mais un nid d’oiseau peut facilement bloquer une gouttière ou un drain et empêcher l’eau de s’écouler. L’eau risque ainsi de s’accumuler et de s’infiltrer là où elle ne devrait pas, comme entre deux couches de matériaux de toiture, dans les évents ou d’autres zones vulnérables du toit. L’accumulation d’eau impose aussi une contrainte supplémentaire aux matériaux de toiture, qui risquent de s’user plus rapidement.
- Blocage de la circulation d’air. Les oiseaux font leur nid à partir de matériaux naturellement inflammables, comme l’herbe, les brindilles, la mousse et d’autres fibres semblables. Ces matières peuvent faire augmenter les risques d’incendie, à plus forte raison à proximité des équipements de CVC ou dans les évents. L’obstruction des conduits peut aussi affecter la qualité de l’air dans l’immeuble et nuire à la bonne ventilation par le toit, emprisonnant l’humidité à l’intérieur. En se condensant, cette humidité risque d’endommager le toit et toute la structure de l’immeuble, et même d’affecter les biens qui sont entreposés à l’intérieur.
- Dommages matériels. Les oiseaux peuvent être porteurs de maladies transmissibles aux humains. Par exemple, les mouettes peuvent véhiculer la bactérie E. coli, la salmonellose, la psittacose et certaines infections fongiques. Ces infections mettent toutes les marchandises comestibles à risque. Les fientes d’oiseaux peuvent également contaminer les produits chimiques, les liquides et d’autres types de biens.
- Risques pour les employés. Les excréments d’oiseaux sont une menace à la salubrité des lieux de travail. De plus, certains oiseaux sont assez gros pour attaquer les employés qui s’approcheraient de leur nid et leurs cris peuvent aussi être une nuisance. Ces problèmes n’affectent peut-être pas physiquement votre immeuble ni vos produits, mais votre entreprise peut tout de même en souffrir.
Entretien du toit et prévention
Il est important d’entretenir régulièrement votre toit afin de dissuader les oiseaux de s’y faire un nid. Voici quelques éléments auxquels porter une attention particulière avant la saison de nidification et à l’automne.
- Réparer les trous et les brèches sur le toit. Si une cavité s’est formée sur le toit, il peut être tentant pour un oiseau d’y faire son nid. Autrefois un matériau de toiture populaire, la mousse de polyuréthane giclée (SPF) s’avère attrayante pour les oiseaux qui tirent avantage de ses propriétés isolantes pour en faire leur nid. Si vous avez un toit en SPF et que son revêtement en acrylique est endommagé, vous devriez le faire réparer ou remplacer avant qu’un oiseau décide de s’en servir.
- Réparer les « étangs ». Lorsqu’un toit plat n’est pas parfaitement plat, l’eau peut s’accumuler dans les creux et créer de petits « étangs ». Ces points d’eau attirent les oiseaux qui viennent s’y abreuver et s’y baigner. Un couvreur professionnel peut corriger la cause du problème en remettant le toit au niveau.
- Sécuriser les toits de gravier. Si votre toit plat est couvert de gravier, il faut le rendre inaccessible. Certains oiseaux, comme les pigeons, ingèrent des gravillons pour favoriser leur digestion ; le gravier de votre toit risque fort de les attirer. D’autres espèces nichant sur les plages, comme les pluviers kildir et les petites sternes, peuvent venir faire leur nid sur un toit de gravier qui leur fournit le matériau idéal en plus de les tenir à l’abri de plusieurs prédateurs. Pour éviter d’attirer ces oiseaux sur votre toit, privilégiez un système de toiture non recouvert de gravier. Les systèmes de toiture multicouche (BUR), dont la surface est recouverte d’une membrane de finition de bitume modifié, n’attirent pas les oiseaux nichant sur les plages. Si vous souhaitez conserver votre toit de gravier, vous pouvez le couvrir d’un filet à mailles fines pour que les oiseaux n’y aient pas accès.
- Éliminer les restes laissés par les oiseaux de proie. Dans certaines régions, des oiseaux de proie pourraient se réfugier sur votre toit pour manger leurs proies tranquilles. Si c’est le cas, il faut débarrasser le toit des restes qu’ils y laissent, pour éviter d’attirer d’autres animaux nuisibles comme les vautours. Il se peut aussi que les serres des oiseaux de proie perforent votre couverture. Il faut donc les chasser de votre toit avec l’une des méthodes décrites ci-dessous.
- Éradiquer les infestations d’insectes. Si votre immeuble présente des signes d’infestation d’insectes, il faut corriger le problème immédiatement en recourant aux services d’un exterminateur. Sinon, les insectes attireront des oiseaux insectivores comme les pics-bois.
Les méthodes anti-oiseaux et leur efficacité
Il est souvent illégal de détruire un nid d’oiseau sur un toit en vertu de la Loi sur les oiseaux migrateurs. Cette loi protège tous les oiseaux migrateurs, leurs nids et leurs œufs de tout déplacement à moins de disposer d’un permis spécial. L’équivalent canadien de cette loi américaine est la Loi sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs. La liste des espèces d’oiseaux protégées au Canada se trouve au Registre des espèces en péril. Ces espèces sont sensiblement les mêmes qu’aux États-Unis et il est aussi interdit d’en déranger les nids ou les œufs.
Pour ne pas enfreindre ces lois, il faut d’abord empêcher ces oiseaux de faire leur nid sur votre toit. D’autant plus que certaines espèces, comme les goélands, sont fidèles à leur site de nidification, ce qui signifie qu’une fois qu’ils ont élevé une couvée à un endroit, ils y reviennent année après année (ce qui prolonge le problème pour vous).
Il est donc judicieux de concentrer vos efforts au moment de la nidification. La période de nidification dépend de votre région et des espèces qui s’y trouvent, mais en général, elle commence au printemps, avec le retour du temps doux. Bien entendu, il faudra aussi redoubler d’efforts à l’automne, alors que les oiseaux non migrateurs cherchent un refuge où se protéger du froid et peuvent être attirés par votre toit.
Il existe de nombreux types de mécanismes anti-oiseaux. Leur efficacité est variable, mais une grande vérité s’applique à la plupart d’entre eux : les oiseaux finissent pas s’y habituer. Pour des résultats à long terme, il faut combiner ou alterner plusieurs stratégies.
1. Effaroucheurs imitant un prédateur
Les oiseaux évitent les endroits où ils croient qu’un prédateur les attend. Il est possible de recourir aux services d’un fauconnier qui demandera à ses oiseaux de proie de se percher sur votre toit et de le survoler. Cependant, cette opération doit être répétée fréquemment pour obtenir de bons résultats. Une pratique beaucoup plus répandue est d’installer de faux prédateurs.
Les leurres en plastique ayant la forme d’un hibou, d’un aigle, d’un crocodile, d’un serpent, d’un renard ou de tout autre prédateur repoussent efficacement les oiseaux. Il n’est pas nécessaire que l’animal choisi vive dans votre région ; la peur de ces animaux est innée et non acquise.
On trouve plusieurs de ces leurres sur le marché. Les plus efficaces sont ceux dont les yeux réfléchissent la lumière ; ils semblent plus réalistes pour les oiseaux. D’autres éléments réfléchissants, comme des pièces métalliques ou des miroirs, peuvent aussi effaroucher les oiseaux.
Pour rendre un leurre encore plus efficace, on peut y ajouter des parties mobiles, des ailes par exemple. On peut également fixer des rubans à un faux hibou ou installer des drapeaux ou des girouettes.
S’il y a un plan d’eau sur votre terrain, comme un étang ou une fontaine, vous pouvez y faire nager de faux crocodiles fonctionnant à piles. Même s’ils ne sont pas sur le toit, ces crocodiles peuvent empêcher les oiseaux d’y nicher, car de nombreuses espèces ont besoin d’un plan d’eau accessible à proximité. Les oiseaux iront donc ailleurs chercher un habitat plus approprié.
Une autre stratégie est d’installer des cerfs-volants en forme d’aigle qui flottent dans le vent.
L’ajout d’un élément sonore est également efficace. Un haut-parleur émettant l’appel d’un prédateur ou le cri d’alerte d’autres oiseaux convaincra les volatiles qu’un prédateur rôde. Même sans leurre, le simple fait de diffuser ces sons peut suffire.
Cela dit, après un certain temps, les oiseaux apprennent que les sons et les prédateurs sont faux. Pour éviter cela, vous pouvez déplacer les leurres tous les trois ou quatre jours, ou les interchanger avec d’autres utilisant des stratégies différentes (p. ex. remplacer un animal aux yeux réfléchissants par un autre qui bouge dans le vent) pour que les oiseaux n’aient pas le temps de s’habituer.
2. Toit inhospitalier
Si votre toit n’est pas attrayant pour les oiseaux, ils chercheront un meilleur site de nidification. On peut s’y prendre de différentes façons pour rendre un toit inhospitalier, mais l’un des moyens les plus efficaces est d’installer des pics anti-oiseaux, aussi appelés bandes hérisson ou anti-perchoirs. Il s’agit de bandes hérissées de pics métalliques qu’on installe sur les corniches, les poutres et autres endroits où les oiseaux aiment se percher.
Ces pics ne font pas de mal aux oiseaux, mais rendent leur perchoir inconfortable ou impraticable, ce qui les force à aller ailleurs. Installer de tels dispositifs au bord des toits éloigne plus particulièrement les oiseaux de proie qui ont l’habitude de s’y percher pour surveiller leurs proies.
Sur le plan esthétique, les bandes hérisson ne posent pas problème puisqu’elles ne sont généralement pas visibles. Toutefois, elles peuvent être coûteuses, car il en faut beaucoup pour couvrir toutes les surfaces et les poutres et leur installation demande du temps de main-d’œuvre.
Ces dispositifs peuvent prendre d’autres formes qui couvrent une plus grande surface du toit, comme l’anti-perchoir muni de longs bras illustré ci-dessous. Si un oiseau tente de se percher, il heurte l’un des bras, sent que la surface n’est pas sûre et s’en va.
D’autres systèmes anti-oiseaux infligent de la douleur aux volatiles, par exemple en donnant de petites décharges électriques à l’atterrissage. Même s’ils provoquent de la douleur, ces systèmes sont conçus pour ne produire que de petits chocs inoffensifs à long terme, et ils sont très efficaces. Toutefois, il est coûteux d’en installer sur de grandes surfaces et il faut aussi tenir compte des coûts en électricité qu’ils engendrent.
Vous pouvez aussi vous procurer des substances malodorantes ou collantes à appliquer sur le toit pour que les oiseaux ne s’y posent pas (du moins pas une seconde fois). Il est important que ces substances ne soient pas toxiques, car il est illégal de tuer délibérément bon nombre d’espèces et vous ne pouvez contrôler lesquelles viendront sur votre toit.
Le coût de ces substances varie grandement et il faut en réappliquer régulièrement, en particulier après une averse. Encore une fois, les oiseaux peuvent s’habituer et devenir insensibles à ces substances. Si vous choisissez d’investir dans une solution de ce type, n’employez pas de substance à base de piment fort, car puisque les oiseaux n’ont pas les récepteurs gustatifs nécessaires, ils n’en seraient pas affectés. Les aérosols à base de piment sont plutôt destinés à repousser les mammifères.
3. Grillage, filets et protecteurs d’évents
Pour tenir les oiseaux à l’écart des évents de toit, le mieux est d’en protéger l’extrémité au moyen d’un grillage métallique. Pour certaines espèces d’oiseaux, il faut un maillage très fin.
Si vous devez chasser une population importante d’oiseaux, vous pourriez installer un filet sur toute la surface du toit. Cette solution est très efficace, mais aussi très coûteuse. Au lieu de couvrir toute la superficie, vous pourriez choisir de vous attaquer à certaines zones stratégiques comme les bords du toit où les oiseaux se perchent ainsi que certaines zones vulnérables, notamment les gouttières ou les équipements de CVC.
Comment se débarrasser des oiseaux sur un toit
Que faire si vos méthodes de prévention ont échoué, et que des oiseaux se sont installés sur votre toit? La première chose à faire est de les identifier. La plupart des espèces sont protégées par la loi, mais certaines, jugées invasives comme le moineau domestique, le pigeon et l’étourneau sansonnet, ne le sont pas. Il est donc permis de déplacer, voire de détruire leurs nids et leurs œufs. Au Canada, plusieurs autres espèces sont considérées comme étant du gibier et peuvent être chassées, notamment la benoîte du Canada. Il faut toutefois un permis pour déplacer les nids ou les œufs de cette dernière, mais il n’est pas rare que des permis soient délivrés pour la destruction des œufs.
Il peut être permis d’enlever les nids d’espèces protégées lorsque ceux-ci ne sont pas sécuritaires pour les oiseaux. Par exemple, les nids construits dans une gouttière ou un tuyau d’évacuation, dans un évent ou sur d’autres équipements situés sur le toit. Dans ce cas, des restrictions s’appliquent ; contactez les autorités locales concernées avant d’agir. Pour certaines espèces en péril, il pourrait être interdit de déplacer un nid, peu importe son emplacement.
Cela dit, il y a toujours des exceptions. Le Service de la pêche et de la faune sauvage des États-Unis délivre parfois des permis pour certaines activités autrement illégales en vertu de la Loi sur les oiseaux migrateurs, notamment le déplacement des nids. Vous pouvez demander un permis via le site Web de l’organisme. Au Canada, vous pouvez vous informer au sujet de toute situation particulière auprès de votre bureau régional du Service canadien de la faune ou des autorités de votre province.
Une fois terminée la période de nidification et les oisillons envolés, vous pouvez détruire la plupart des nids en toute légalité. Par contre, il est interdit de détruire certains nids d’espèces qui les réutilisent. Cela vaut autant pour les États-Unis que pour le Canada. Renseignez-vous auprès du service de la faune pour savoir si vous pouvez détruire les nids vides.
Comment éliminer un nid sur votre toit :
- Étape 1. Vérifiez que la loi vous autorise à éliminer les nids en contactant les autorités concernées. Même si le nid semble abandonné, il peut être interdit de l’enlever, car certaines espèces reviennent nicher dans le même nid année après année.
- Étape 2. Enfilez des gants épais pour vous protéger de toute contamination.
- Étape 3. Approchez-vous du nid en surveillant la présence d’oiseaux autour de vous. Si un oiseau s’approche, quittez les lieux pour éviter qu’un parent furieux ne vous attaque.
- Étape 4. Regardez à l’intérieur du nid avant d’y toucher. Si des oisillons s’y trouvent, vous devez attendre qu’ils quittent le nid (dans la plupart des cas) avant de poursuivre. Si vous voulez déplacer le nid pendant que les oisillons s’y trouvent, informez-vous auprès des autorités locales pour savoir s’il est légal de le faire. S’il s’agit d’une espèce indigène, il est presque certain que vous n’êtes pas autorisé à déplacer le nid.
- Étape 5. Ramassez le nid et mettez-le dans un sac poubelle. Refermez le sac hermétiquement pour ne pas risquer de répandre une maladie dont il serait contaminé.
- Étape 6. Nettoyez l’emplacement du nid avec de l’eau tiède savonneuse. N’employez aucun produit chimique susceptible d’endommager votre toiture.
- Étape 7. Marquez l’emplacement du nid en vue d’installer un dispositif anti-oiseaux avant la prochaine saison de nidification, car bon nombre d’oiseaux reviennent faire leur nid au même endroit année après année.
Si les nids sont nombreux sur votre toit, il peut être préférable de faire appel à un spécialiste du contrôle de la vermine. Ces derniers ont souvent un permis qui les autorise à éliminer des nids autrement protégés. Ils peuvent aussi être autorisés à piéger et relâcher des oiseaux, dans certaines circonstances. De plus, ils peuvent vous fournir des conseils sur les méthodes de prévention les mieux adaptées à votre région et aux espèces qui y vivent.
Réparer les dommages causés par les oiseaux
Une fois débarrassés des oiseaux, ou après leur départ migratoire, il faut s’occuper des dommages qu’ils ont causés. Si votre toiture d’asphalte est lourdement souillée d’excréments, il vaut peut-être mieux remplacer la couche de finition plutôt que d’essayer de la nettoyer. Il est possible que l’acidité des fientes ait altéré le matériau au point de compromettre sa bonne performance.
Si vous avez découvert des brèches ou des trous dans le toit, il faut les réparer immédiatement pour éviter toute fuite ou aggravation des dommages. Les évents et la surface du toit doivent être nettoyés et exempts de toute matière laissée par les oiseaux.
Il peut être judicieux de demander à un professionnel de la toiture d’inspecter votre toit après que des oiseaux y ont niché. Il pourra détecter tout dommage et vous conseiller sur la pertinence de réparer ou de remplacer les matériaux de couverture. Vous pouvez trouver un couvreur certifié par IKO dans votre région pour inspecter votre toit et effectuer les réparations nécessaires.