Avis de non-responsabilité : l’application à chaud sur les toitures asphaltiques est un travail très dangereux. Il est nécessaire de suivre la formation appropriée en matière de sécurité pour effectuer ce type de travail. Lorsque vous sélectionnez la température du fondoir, vous devez toujours respecter les exigences du fabricant et ne pas chauffer le fondoir à une température au-delà de celle recommandée par la norme ASTM D312. Il incombe au professionnel de la toiture de déterminer et de maintenir la température qui est sécuritaire.
La qualité de la toiture est en relation avec des techniques d’installation adéquates. L’application de systèmes de toiture multicouche et autres systèmes d’asphalte chaud nécessite que l’on chauffe l’asphalte à la température adéquate dans le fondoir et qu’on l’applique sur le toit à sa température d’application. Cependant, ceci représente un défi plus grand pendant l’hiver. L’air froid cause une perte de température de l’asphalte entre le fondoir et la surface du toit : à une température de -7 à 4°C (20 à 39°F), la température de l’asphalte peut baisser de 20°C (50°F) en quelques secondes seulement.
Si l’asphalte est appliqué en dessous de la température d’application idéale, il se peut qu’il soit trop épais pour obtenir une application uniforme ou une adhérence adéquate de la membrane de sous-couche ou de l’asphalte. Pour compenser, bon nombre de maîtres-couvreurs chauffent leur fondoir de goudron chaud au-dessus de la température appropriée par temps froid. Bien que cette stratégie semble fonctionner au départ, plus l’installation est longue et plus la température de chauffe élevée a des effets négatifs sur la qualité et la capacité d’étanchéité de l’asphalte.
Il y a d’autres désavantages et risques à surchauffer l’asphalte. Vous pouvez utiliser des techniques autres que la surchauffe du fondoir, lesquelles peuvent augmenter votre efficacité et la qualité de votre travail.
Températures d’application de l’asphalte
Ce qu’on appelle la température d’équiviscosité (TEV) est la température idéale que l’asphalte doit avoir avant de l’appliquer. À cette température, l’asphalte est devenu assez visqueux pour être appliqué uniformément, car, si il est trop liquide, il s’étend de manière incontrôlable. La viscosité se mesure en centipoise (cP). La viscosité idéale pour l’application manuelle est de 125 cP, alors qu’elle est de 25 cp si l’asphalte est appliqué mécaniquement. Les fabricants offrent différents produits asphaltiques qui peuvent être plus épais ou plus liquides que la moyenne. Par conséquent, chaque produit risque d’avoir un degré différend d’équiviscosité. Les fabricants devraient vous informer du TEV de leurs produits afin que vous obteniez de meilleurs résultats.
Toutefois, de manière générale, le Comité technique national de l’Association canadienne des entrepreneurs en couverture (ACEC) suggère que le bitume modifié au SBS soit chauffé à 200°C (400°F), ou selon la TEV indiquée par le fabricant, selon la température la plus élevée des deux.
Vous pouvez aussi déterminer la température adéquate pour appliquer l’asphalte en suivant les directives de la norme ASTM D312. Après avoir déterminé le type d’asphalte selon ASTM que vous allez utiliser (le fabricant doit l’indiquer), vous pouvez utiliser le tableau suivant comme guide :
Asphalte selon le type ASTM | Température du fondoir | Température d’application des systèmes multicouches | Point d’éclair |
---|---|---|---|
II Asphalte IKO Type 2 | 232°C (450°F) | 231°C – 255°C (448°F – 491°F) | 286°C (547°F) |
III Asphalte IKO Type 3 | 260°C (500°F) | 232°C – 256°C (451°F – 493°F) | 282°C (540°F) |
De plus, la température maximale du fondoir ne devrait pas être dépassée. La norme ASTM D312 stipule que la température du fondoir devrait être inférieure à 288°C (550°F). Idéalement, vous devriez veiller à ce que la température du fondoir prescrite par le type d’asphalte doit être autant que possible chauffé en fonction de la TEV prescrite pour chaque type d’asphalte.
Problèmes liés à la surchauffe
Quels sont les dangers et les désavantages liés au dépassement de la TEV ou même de la température maximale du fondoir?
- Baisse du point de ramollissement de l’asphalte : ce sont les huiles légères contenues dans l’asphalte qui lui donnent sa capacité de ramollir et d’être étanche. Si l’asphalte est surchauffé, ces huiles s’évaporent et le matériau devient alors cassant et dur. Son point de ramollissement étant plus bas, l’asphalte risque davantage de craquer après avoir été appliqué et de ne pas remplir sa fonction d’étanchéité comme il le devrait. Une façon de contrer cet effet est de garder le couvercle du fondoir bien fermé dans la mesure du possible afin que les huiles qui tendent à s’évaporer soient piégées et plus susceptibles de se mélanger de nouveau à l’asphalte.
- Application de qualité insuffisante : l’asphalte surchauffé est habituellement plus difficile à appliquer. Un toit dit « plat » a quand même une légère pente positive qui favorise un drainage adéquat. Un asphalte trop chaud et trop visqueux peut glisser le long de cette pente, devenir irrégulier et même endommager les autres couches de la toiture. Après qu’il a refroidi, l’asphalte peut développer des boursouflures et même des bosses et des stries (crocodilage). En plus de déformer le toit, ces échecs d’application peuvent affecter la performance de la toiture.
- Risque d’inflammation : l’asphalte surchauffé peut atteindre le point d’éclair, température à laquelle l’asphalte peut s’enflammer dans l’air. Ceci est extrêmement dangereux et doit être évité à tout prix pour que les travailleurs sur le toit et les occupants du bâtiment soient à l’abri des incendies.
- Émanations accrues : au fur et à mesure que l’asphalte est surchauffé, il dégage plus d’émanations et la couleur de la fumée peut passer du blanc à une fumée opaque d’une couleur gris/bleu. Ce type d’émanations peut être dangereux pour les couvreurs et les occupants du bâtiment.
Choisir les conditions propices
Au lieu de surchauffer les fondoirs de goudron, on peut effectuer l’épandage à chaud dans des conditions plus propices qui permettent à l’asphalte de conserver plus de chaleur.
La vitesse du vent est une variable importante. Un vent rapide peut augmenter la vitesse à laquelle l’asphalte refroidit en faisant s’envoler la chaleur. La planification d’une date d’installation affichant des vitesses de vent plus basses aide à conserver la chaleur de l’asphalte liquide.
Mais surtout, la condition climatique la plus critique est la température. Si vous devez installer un système de toiture à chaud par temps froid, vous pouvez utiliser un asphalte affichant un point de ramollissement plus élevé. Toutefois, vous ne devriez pas tenter une application à chaud lorsque la température tombe au-dessous de -26°C (-15°F), car l’application ne pourra pas réussir.
Méthodes visant à conserver la chaleur de l’asphalte
Il existe des stratégies que vous pouvez utiliser au lieu de surchauffer l’asphalte afin de conserver sa TEV. Ces stratégies peuvent aussi augmenter l’efficacité globale de vos activités et la qualité de votre projet de toiture. Elles peuvent même réduire vos coûts d’exploitation.
- Fondoirs à double paroi : les fondoirs isolés et surtout les fondoirs de grande capacité conservent la chaleur. Ils atteignent la chaleur désirée plus rapidement, ce qui accélère vos opérations. De plus, si votre fondoir est bien isolé, il a besoin de moins de carburant pour atteindre la chaleur désirée, ce qui vous permet d’économiser.
- Lignes isolées : si vous utilisez des lignes pour acheminer l’asphalte sur une grande surface de toit, assurez-vous que ces lignes sont isolées pour conserver la chaleur.
- Seaux et godets isolés (moutonnes) pour asphalte chaud : les godets pour asphalte chaud sont préférables aux seaux, car ils sont fermés pour mieux conserver la chaleur.
- Réduction de la distance : tentez de conserver la distance la plus minimale possible entre l’asphalte chaud et le point d’application avant que l’asphalte sorte du contenant isolé. De cette façon, vous conserverez la chaleur et vous êtes plus susceptible de réduire votre temps d’installation.
Décisions prises sur le chantier
Une recherche effectuée par la National Roofing Contractors Association (NRCA) et intitulée « Practical Application of the EVT Concept » a révélé de qui suit : lors d’applications d’asphalte chaud par temps froid, les couvreurs devraient ajuster fréquemment la TEV de l’asphalte sur le chantier. La recherche suggère aussi que les couvreurs devraient choisir autant que possible des asphaltes dont la viscosité est stable et que les fabricants devraient indiquer la stabilité de leurs produits.
IKO indique la TEV de ses produits asphaltiques pour les applications à chaud manuelles et mécaniques. Nous indiquons aussi le point d’éclair, le point de ramollissement et d’autres valeurs utiles dans les fiches techniques de nos produits asphaltiques pour applications commerciales. Notre Asphalte Easy-MeltMC 200 est un asphalte pratique de type III qui n’a pas besoin d’être déballé et dont le poids est la moitié de celui d’un baril d’asphalte. Si vous n’êtes pas certain du type d’asphalte que vous devriez utiliser pour votre prochain projet de toiture, veuillez communiquer avec nous.