Les toitures des cultures anciennes
Table des matières:
- Toitures de la Grèce antique
- Toitures des temples de la Grèce antique
- Toitures de la Chine antique
- Toitures de la Perse antique
- Toitures de l’Égypte antique
- L’importance des toitures anciennes
De tout temps, les humains ont dû trouver des façons de protéger leur maison et leurs objets de valeur sous un toit. Pendant la préhistoire, les humains utilisaient des roseaux, du bois ou des peaux pour se construire des huttes. Puis, les cultures ont évolué et les toitures en ont fait autant. Il n’y a jamais eu de modèle de toiture universel, les matériaux disponibles et les défis environnementaux étant différents d’une culture à l’autre.
Au fil du temps, la découverte de matériaux de plus en plus résistants a permis aux civilisations anciennes de construire des murs plus solides, capables de supporter des toits plus lourds et de formes variées. Certains peuples ont mis au point des techniques de construction de toits en dôme alors que pour d’autres, le toit les protégeant des intempéries est également devenu un espace de vie.
L’évolution des toitures n’est pas uniquement liée aux progrès technologiques. Les toits, en particulier ceux d’édifices publics tels que les temples, ont également servi à exprimer les valeurs culturelles propres aux différentes civilisations. Alors que certains peuples ont érigé des toits à l’effigie de leurs chefs et de leurs dieux, d’autres les ont utilisés pour transmettre leur histoire et leur mythologie.
Joignez-vous à nous pour une exploration des toitures ancestrales des civilisations grecque, chinoise, perse et égyptienne.
Toitures de la Grèce antique
Les Grecs anciens fabriquaient des toits de chaume qui étaient supportés par des murs en briques d’argile et munis d’avant-toits assez longs pour protéger l’argile de la pluie.
Quand les Grecs ont commencé à utiliser la pierre, les murs de leurs demeures sont devenus assez solides pour soutenir des toitures faites de matériaux plus lourds. Les risques d’incendie liés aux toits de chaume s’intensifiant au fur et à mesure que la civilisation se développait, les Grecs inventèrent, vers la fin du 7e siècle av. J.-C., les tuiles de toiture. Ces tuiles d’argile cuite résistaient au feu bien mieux que le chaume. C’est ainsi que les avant-toits disparurent, les murs de pierre ne nécessitant pas de protection contre la pluie.
Toits de tuiles anciens : imbrices et tegulae
Le système de toiture à imbrices et tegulae (qui sera plus tard nommé ainsi par les Romains) consiste en deux types de tuiles qui, conjointement, forment un ensemble somme toute imperméable : les tegulae, carrées et plates, et les imbrices, semi-cylindriques et plus petites, soit environ la largeur d’une main.
Les Grecs mettaient d’abord en place les tegulae et couvraient ensuite les joints qui les séparaient avec les imbrices. L’eau tombait sur la surface courbée des imbrices pour ensuite s’écouler sur les tegulae et ruisseler vers le bas jusque dans les gouttières. Les imbrices courant verticalement le long du toit, elles n’entravaient pas l’écoulement de l’eau.
En bordure du toit, les Grecs installaient un ornement appelé « antéfixe ». Sur les maisons plus luxueuses ou sur les édifices publics, ces antéfixes étaient parfois garnies de motifs gravés.
Au fil du temps, les Grecs ont amélioré ce système de toiture. D’abord, l’ajout de bordures verticales sur les côtés des tuiles plates a grandement amélioré l’efficacité du système. Ces bordures cachées par les imbrices (les tuiles rondes) empêchaient l’eau de s’infiltrer entre les tuiles. Puis, l’ajout de rainures au dos des tuiles plates a permis d’en faciliter l’ancrage sur les toits.
Les toitures de la Rome antique se sont ensuite développées sur le même modèle à imbrices et tegulae, mais elles étaient cependant plus complexes et raffinées.
Toitures des temples de la Grèce antique
Les Grecs de l’antiquité construisaient aussi des édifices publics, dont les toitures étaient plus grandes et plus complexes. Les temples en sont des exemples typiques, leur toit ayant presque toujours la même configuration à double versant avec un unique et long faîtage. Les toits des temples ioniques avaient une inclinaison de 15 degrés.
La présence de marbre en Grèce en faisait un matériau de choix pour ceux qui pouvaient se l’offrir. La solidité du marbre permettait de fabriquer des tuiles de format largement supérieur aux tuiles d’argile, ce qui facilitait la construction de grands édifices. C’est pourquoi les toits des plus grands temples, comme le temple de Zeus, ont été construits avec des tuiles de marbre.
Le pignon triangulaire typique des édifices de la Grèce antique, appelé « fronton », avait une fonction ornementale. Sur les temples anciens, les frontons étaient souvent ornés de riches reliefs représentant des divinités ou des scènes de guerre. Par exemple, le fronton du temple de Zeus (d’ordre dorique, terminé en 456 av. J.-C.) représente à la fois plusieurs dieux, une course de chars ainsi que les douze travaux d’Héraclès. À l’origine, ces sculptures étaient peintes de couleurs vives.
Ci-dessous, une représentation artistique du temple de Zeus, dessinée par Wilhelm Lübke.
De nombreux temples de la Rome antique reprennent le style grec, même si les Romains disposaient de techniques de construction plus avancées et de meilleurs matériaux, dont le béton. Néanmoins, sur le plan esthétique, les constructions romaines ressemblent en tout point à celles de la Grèce antique.
La maison Carrée nous montre bien ces ressemblances de style. Édifié par les Romains de 4 à 7 av. J.-C., là où se situe aujourd’hui la France, ce temple, maintes fois restauré par le gouvernement français, possède encore son toit d’origine datant de la Rome antique.
De tels vestiges sont inestimables pour l’étude du style néoclassique puisqu’il est très rare qu’un temple de la Grèce antique possède toujours son toit d’origine. La plupart de ces toits, supportés par des linteaux de bois qui ont fini par pourrir, se sont effondrés pour ne laisser qu’une suite de colonnes de marbre intactes qui ne supportent plus rien. D’autres aléas ont parfois détruit les toits d’anciens bâtiments. Le temple de Zeus, par exemple, s’est effondré à la suite d’un incendie suivi d’un tremblement de terre.
Toitures de la Chine antique
La civilisation chinoise s’est développée le long du fleuve Jaune et des réseaux fluviaux environnants. À l’aube de la civilisation, comme ailleurs dans le monde, les toitures de Chine étaient constituées de chaumes supportés par des murs de bois. Ces derniers furent ensuite remplacés par des murs de brique et de pierre avant que n’apparaissent, lors du règne de la dynastie Zhou (1046 – 256 av. J.-C.), les toitures en tuiles d’argile.
Les toitures de la Chine antique combinaient des tuiles plates et des tuiles courbées. Les tuiles plates formaient la base de la toiture et les tuiles courbées en recouvraient les joints. Les tuiles d’avant-toit, quant à elles, avaient un dessus arrondi souvent décoré de motifs ou taillé en pointe pour faciliter l’écoulement de l’eau.
Puisque les tuiles avaient tendance à se fissurer et à causer des fuites, on les superposait de façon à préserver l’étanchéité de la structure même si l’une d’elles se brisait. Au fil du temps, les Chinois ont perfectionné cette technique en augmentant le chevauchement jusqu’à 70 % pendant le règne de la dynastie Qing.
Cette stratégie de chevauchement des matériaux de couverture peut paraître simpliste, mais ces cultures anciennes étaient sur la bonne piste. Pour preuve, les systèmes de toiture modernes sont tous basés sur la même stratégie de superposition des matériaux. Les techniques et les matériaux sont aujourd’hui plus sophistiqués, mais de nos jours, même les bardeaux de qualité supérieure utilisent la stratégie du chevauchement pour offrir une toiture plus résistante.
Forme des toitures chinoises
Les séismes fréquents ont contraint les populations de la Chine antique à construire des bâtiments bas qui n’avaient souvent qu’un seul étage. Les Chinois ont ainsi développé un penchant pour l’esthétique des constructions à l’horizontale plutôt qu’en hauteur. Pour ces bâtiments construits en largeur, les toitures à pignons latéraux étaient privilégiées, c’est-à-dire que l’entrée principale n’était pas aménagée dans un des murs pignons, ceux-ci étant situés sur les côtés. Certains toits se prolongeaient en saillie au-dessus de l’entrée.
Plus tard, les Chinois ont développé un style de toiture plus complexe : les toits en demi-croupe. Il s’agit de toits dont les deux pignons se terminent par une faible pente. Cette forme caractéristique, prenant racine à l’époque de la dynastie Song, s’est ensuite complexifiée au fil des siècles.
Dougong : Toiture ancestrale chinoise
Le toit des bâtiments de la Chine antique ne reposait pas sur des murs porteurs, mais plutôt sur des piliers. Pour fixer le toit à ces piliers, un système d’emboitement unique, nommé « dougong », a été développé durant la période des Printemps et Automnes (770 – 476 av. J.-C.).
Les dougong étaient constitués de supports de bois s’imbriquant si solidement qu’ils ne requéraient ni colle ni clous. Ces structures emboitées supportaient les tuiles, les poutres et la charpente du toit et en transféraient tout le poids aux piliers verticaux. Aux coins du toit, les dougong étaient visibles et sur les bâtiments d’importance, ils étaient peints.
Toits des temples de la Chine antique : développement des courbes
Jusqu’au 6e siècle, la géométrie des toitures des temples de la Chine antique était plutôt rectiligne. Mais à partir de cette époque, des courbes sont apparues sous la forme de coins extérieurs pointant vers le haut.
D’où vient cette courbure caractéristique des toitures traditionnelles chinoises? Ce développement stylistique tire probablement son influence des peuples de l’Asie du Sud-Est. Pour la construction des toits, ces derniers utilisaient le bambou et les feuilles de palmier, des matériaux qui ont tendance à se courber naturellement. De plus, ce type de courbure permettait d’allonger les avant-toits, ce qui plaisait au sens esthétique des Chinois.
Le temple de Nanchan
Le temple de Nanchan, construit en l’an 782, est la plus ancienne structure de bois toujours intacte de toute la Chine. Sa construction basse à un seul étage et sa toiture à pignon sont typiques de l’époque. Son avant-toit, quoique légèrement incurvé vers le haut, n’atteint pas le niveau de courbure des toits qui deviendront populaires par la suite.
Des tuiles vernissées recouvrent le toit du temple, orné d’antéfixes. Les dougong sont visibles aux coins du bâtiment, mais n’ont pas été peints. Les ornements symétriques faisant saillie sur l’arête du toit représentent une créature marine de la mythologie chinoise, censée protéger le bâtiment contre les incendies. À en juger par l’état actuel du temple, elles sont sans doute efficaces.
Toitures de la Perse antique
L’Empire perse a été fondé au 6e siècle av. J.-C., là où se trouve aujourd’hui l’Iran. Comme les autres peuples anciens, les Perses construisaient des toits de chaume avec le bois et la matière végétale qu’ils avaient à leur disposition, mais sur leur territoire, ces matériaux étaient rares. Cependant, la terre argileuse lourde y était abondante, et c’était un matériau idéal pour la confection de briques de terre et d’argile.
Pour utiliser au mieux cette ressource naturelle, les Perses ont développé une forme distincte de toit en dôme qu’ils construisaient avec des briques de terre cuite et de terre crue. Ces briques, de plus grand format que les briques modernes, étaient par la suite peintes et vernies. Au premier siècle av. J.-C., les Perses eurent accès à la pierre taillée, qu’ils utilisèrent pour la construction des bâtiments de premier plan.
Développement des toits en dôme
Les Perses ont été influencés par les premières cultures mésopotamiennes dont ils appréciaient les toits en dôme. À partir du 2e siècle av. J.-C., les Perses construisaient des toits en voûte avec des briques en terre cuite et du mortier de gypse ou de chaux.
Pour réussir à façonner la forme circulaire de ce type de toit, les Perses ont inventé une méthode de construction basée sur l’utilisation de trompes de coupoles. Le palais d’Ardashir, construit en 224 av. J.-C. par le roi sassanide du même nom, est l’un des plus anciens exemples de l’utilisation de cette méthode. Ses deux dômes distincts sont en effet supportés par des trompes.
Voici une représentation artistique de ce à quoi devait ressembler le palais à l’époque, suivie d’une photo de son état actuel.
Une trompe de coupole forme une voûte tronquée qui surplombe l’angle formé par deux murs et supporte structurellement la base circulaire du toit en dôme. Quoique les trompes ne soient pas nécessaires pour soutenir de petites coupoles, elles sont essentielles pour la stabilité des plus grands édifices dotés d’un toit en dôme.
Pour créer une trompe, on construisait d’abord une arche au-dessus de chaque coin de l’édifice, le sommet de chacune des arches surplombant l’intérieur du carré à une distance d’à peu près un mètre du coin, pour s’aligner avec la base du dôme. Pour bien se représenter une trompe de coupole, on peut s’imaginer un cône coupé en deux à la verticale. La pointe d’une des moitiés ainsi crées est posée sur un coin du carré de l’édifice et la courbure de son arc orientée vers le haut vient soutenir la base du dôme.
Les trompes de coupoles sont observables au sommet des angles de murs.
L’arrivée de l’islam engendrera la complexification de ces structures de toit et on verra alors s’ériger des dômes plus larges et moins hauts supportés par une structure en nid d’abeille.
Le mausolée des Samanides
Quoiqu’il ait été construit plus récemment, soit au 10e siècle de notre ère, le mausolée des Samanides en Ouzbékistan est l’exemple parfait de l’évolution de l’architecture islamique à partir des formes développées par les Perses.
La structure de son dôme est similaire à celles de la période des Sassanides, particulièrement dans l’utilisation des trompes de coupoles. Le dôme principal, composé de briques de terre cuite sophistiquées, est flanqué de quatre petits dômes. Plusieurs arches ouvertes ont été intégrées à la base du dôme pour y laisser entrer la lumière.
Toitures de l’Égypte antique
Tout comme les Perses, les Égyptiens avaient un accès limité au bois, c’est pourquoi ils construisaient des maisons de torchis dont les murs, faits d’un tissage de tiges et de feuilles de papyrus recouvert d’argile, supportaient un toit de chaume.
Les deux principales lacunes des maisons de l’Égypte antique étaient leur vulnérabilité aux crues du Nil et le peu de protection qu’elles offraient contre les grandes chaleurs. Les Égyptiens, pour pallier ces problèmes, en sont venus à utiliser leurs toitures de façon surprenante.
Toits en terrasse
Les Égyptiens ont commencé à fabriquer des briques crues qui résistaient beaucoup mieux aux débordements du Nil et à la pluie que l’argile. Ces nouvelles briques séchées au soleil se révélèrent utiles pour la construction de toitures en terrasse qui devinrent largement répandues. Des troncs de palmiers étaient utilisés pour supporter le poids de ces toitures et des gens qui les occupaient.
Utilité des toits en terrasse de l’Égypte antique
Ces toits ne servaient pas seulement à couvrir les maisons. En plus de servir de chambre à coucher principale, ils étaient souvent utilisés comme espace habitable complémentaire. Mal ventilées, les maisons de l’époque avaient tendance à conserver la chaleur, ce qui les rendait inconfortables même la nuit. Les toits en terrasse offraient plus de fraîcheur non seulement la nuit, mais le jour aussi si on y construisait un auvent. Les gens y passaient donc beaucoup de temps, les pièces de la maison servant notamment d’espace de rangement et de cuisine.
Temples d’Égypte
Les pyramides sont les premières constructions qui nous viennent à l’esprit quand on pense à l’Égypte antique, mais les temples érigés par cette civilisation n’en sont pas moins impressionnants. Dominés par des toits plats, ces lieux de culte étaient aussi massifs qu’imposants. Plus tard, lorsque les Égyptiens maitrisèrent l’utilisation de la pierre comme matériau de construction, ils s’en servirent presque exclusivement pour construire ces bâtiments religieux et continuèrent à utiliser les briques crues pour construire leurs maisons.
La pierre utilisée par les Égyptiens (surtout du grès et du calcaire) servait aussi à la construction des toits plats, ce qui exigeait une structure robuste, capable de soutenir le poids considérable de ce matériau. Ultérieurement, ces toits ont eu à supporter le poids d’étages additionnels ainsi que de leurs usagers. À l’apogée de la civilisation, des chapelles étaient érigées sur les toits des temples, car bon nombre de cérémonies religieuses comportaient une salutation au soleil, qu’on pratiquait sur le toit.
C’est ainsi que les salles hypostyles sont apparues dans l’architecture des temples égyptiens. Il s’agit de structures dont le toit est soutenu par des rangées de colonnes de pierre sur lesquelles reposent des poutres de pierre, les architraves, soutenant les tuiles de pierre du toit. Cette technique permettait de construire des édifices si solides que plusieurs d’entre eux sont encore debout aujourd’hui.
Le temple d’Horus
Le temple d’Horus à Edfou est l’un des temples les mieux conservés de l’Égypte antique. Sa construction commença en 237 av. J.-C., mais puisqu’il fut ensuite enseveli sous les sables pendant la majeure partie de son histoire, il est aujourd’hui remarquablement bien préservé. Son toit plat à paliers multiples donne une allure imposante à sa façade. En outre, une de ses salles hypostyles est visible de l’extérieur.
Le temple d’Horus était le lieu où se déroulait chaque année la cérémonie du Couronnement annuel du faucon vivant, en l’honneur du dieu égyptien Horus. Lors de cette cérémonie, une statue d’Horus et un faucon dressé étaient amenés sur le toit inférieur reliant les deux pylônes de l’édifice. Après avoir salué la foule, les chefs religieux ramenaient la statue et le faucon dans leur demeure respective et c’est à ce moment que les célébrations commençaient pour le peuple égyptien.
L’importance des toitures anciennes
Il peut paraître surprenant que les technologies, les matériaux et les styles des toitures ancestrales nous en apprennent autant sur les peuples anciens. Cependant, la recherche du toit idéal est une quête commune à toutes les cultures depuis les débuts de l’humanité. Les toitures anciennes constituent un excellent point de départ pour comparer les civilisations anciennes, leurs goûts et leurs valeurs. Si vous désirez voir plus d’exemples de toitures anciennes et en apprendre davantage sur les technologies et les matériaux utilisés ailleurs dans le monde, vous pouvez consulter notre article sur les toits uniques et innovants du monde entier.
Peut-être vous intéressez-vous aux plus récentes technologies en matière de toiture? Il va sans dire que les toitures de bardeaux modernes sont bien différentes des toitures des cultures anciennes. Apprenez-en plus à ce sujet en consultant notre article sur les tendances technologiques en matière de toiture.